Qu’est-ce que la passion?

Le duel est lancé: la tête ou le corps, où se situe le véritable organe de la passion? Le corps réagit-il simplement à une commande cérébrale, ou est-ce que c’est la matière grise qui interprète subséquemment le message de l’épiderme? 

Après 13 ans de vie commune, Louis et Michelle ont décidé de mettre fin à leur union. « Nous ne nous entendions plus aussi bien, m’explique Louis. Bien des couples auraient choisi de rester ensemble, de vivre cet amour moindre. Mais nous ne pouvions pas le supporter alors nous avons choisi de nous séparer, pour rechercher, chacun de son côté, la passion que nous ne pouvions plus partager. » Ce fut pour moi une grande déception, comme si un grand mythe s’écroulait. Les couples durables — de ma génération — étaient-ils si rares et si fragile? La passion était-elle à ce point nécessaire à leur vie de couple. Et à la mienne ? « La passion, c’est comme une drogue, ajoute Michelle. Quand tu y as goûté, c’est difficile de s’en passer… »

 

Portrait d’une étrange toxicomanie

Nous le ressentons, en reconnaissons les signes, parfois inspirants, tantôt embarrassants. Mais connaissons-nous vraiment la mécanique de la passion? Il s’agit, en fait, d’un processus quasi mystique, certes complexe et qui est géré par tant de lois implicites et de contraintes (sociales, culturelles, psychologiques) que même les experts en perdent leur latin.

La principale problématique de ce débat à finir concerne le rôle du cerveau versus celui du corps dans le processus de la passion. En un mot, lorsqu’on ressent la passion, est-ce la tête qui interprète le stimulus corporel ou bien est-ce que c’est le corps qui réagit à un stimulus purement cérébral? Est-ce que c’est le corps qui, par des réactions associées au désir (congestion des organes génitaux, hypersensibilité des zones érogènes), envoie au cerveau un message sexuel, ou encore est-ce le cerveau qui, lorsqu’il perçoit une situation stimulante, commande au corps de réagir conformément aux règles du plaisir? « C’est un processus extrêmement complexe que j’aurai bien du mal à résumer en quelques phrases, explique Michel Goulet, un sexologue qui s’intéresse tout particulièrement à la question du désir et de la passion. En fait, c’est à la fois le corps et le cerveau qui interviennent. Dans certaines situations, une stimulation purement physique peut entraîner le désir, alors qu’à d’autres occasions, c’est la perception d’un stimulus visuel ou d’un environnement propice qui viendra déclencher le processus. Il y a aussi la mémoire érotique qui peut être un élément déclencheur, le souvenir d’une situation agréable qui replace le corps en état de grande réceptivité. C’est tout un mécanisme qu’on a encore peine à comprendre. »

 

La chimie de la passion

Un aspect de la passion sur lequel tous les experts s’entendent, c’est le rôle des glandes endocrines dans l’éveil et l’intensité du désir. Ainsi, l’hypothalamus, une glande qu’on retrouve à la base du cerveau, agit comme centrale des communications dans la démarche sexuelle (comme elle le fait pour la plupart des fonctions vitales). Ainsi, lorsque l’hypothalamus reçoit l’information d’une stimulation agréable, il émet des neurotransmetteurs qui, eux, se chargent d’informer le corps et de l’inciter à se modifier dans l’attente du contact sexuel: le rythme cardiaque accélère, le sang se concentre dans les régions concernées (ce qui entraîne un gonflement des mamelons et du clitoris), et le vagin se lubrifie.

Les hormones associées au cycle menstruel (l’oestrogène, l’androgène et la progestérone, sécrétées par les ovaires), influencent également, et de manière beaucoup plus perceptible, la nature et l’urgence de la passion. Ainsi, juste avant les menstruations, ces hormones sont sécrétées en masse, ce qui peut procurer une sensation de bien-être et une plus grande sensibilité aux stimuli physiques. L’androgène, tout particulièrement, influence directement la libido et se retrouve en plus forte concentration à la veille des menstruations. Syndrome pré-menstruel ou pas, la passion s’éveille.

Mais l’hormone qui occupe la première place au palmarès du désir et de la passion est la testostérone. « C’est une hormone qui est sécrétée par les testicules et qu’on associe habituellement à la sexualité masculine, ajoute Michel Goulet. Mais elle est aussi produite, en moins grande quantité, par les ovaires. Et elle influence tout autant le désir féminin (la quantité réduite de testostérone féminine n’influence d’ailleurs nullement la qualité ou l’intensité du désir des femmes par rapport à celui des hommes). Lorsque le taux de testostérone est inférieur au seuil nécessaire, il y aura panne du désir et la passion s’atténuera. On utilise d’ailleurs cette hormone pour traiter médicalement les dysfonctionnements sexuels. Une autre hormone peut être responsable des carences sexuelles. Il s’agit de la prolactine, qui est une hormone sécrétée par l’hypophyse qui favorise la lactation chez les nouvelles mères. Mais elle est également présente chez les hommes qui souffrent d’une tumeur à l’hypophyse et il en résulte presque toujours une réduction importante du désir. Il s’agit donc, comme vous pouvez le constater, d’un système extrêmement délicat qui relève tout autant de la psychologie que de la médecine traditionnelle. »

La passion, ça se réanime…

Voici un petit cours de survie pour couple en manque de passion:

  1. D’abord, il importe de se donner du temps pour soi. « Il ne faut pas essentiellement faire de grandes actions, » explique Hervé Bossé, un psychothérapeute conjugal et familial qui rencontre de nombreux couples en difficulté. « Prendre une marche ou souper dans un bon restaurant seront suffisants pour trouver une certaine intimité. »
  2. Si vous avez des enfants, il est important de comprendre qu’ils n’ont pas toujours besoin de vous. « Souvent, les couples qui ont des enfants soignent la cellule familiale et oublient la cellule conjugale, ajoute le thérapeute. Le couple devient vide. » Il faut accorder autant d’attention au conjoint qu’aux enfants. On l’oublie parfois!
  3. Hervé Bossé souligne également l’importance de développer le côté positif. « Il faut orienter les bonnes paroles — que nous offrons si volontiers à nos bons amis ou à nos enfants — vers notre partenaire. Sinon, il va aller voir ailleurs, retrouver dans différentes activités cette reconnaissance. Le couple peut alors s’éteindre. » Dire à votre conjoint que l’appréciez, que vous aimez ce qu’il fait, c’est simple et il en a besoin.
  4. Les débuts de votre relation sont déjà bien loin derrière! Pourquoi ne pas vous asseoir et vous remémorer votre première rencontre, votre premier baiser, vos premières escapades. Rien de mieux pour raviver la flamme!
  5. Rien n’est acquis! Les petites marques d’attention sont essentielles: un baiser au lever, un petit message doux dans le porte-documents, un coup de fil inattendu au bureau, une caresse… sont des petits gestes toujours appréciés du conjoint.
  6. Il ne faut jamais mettre l’humour de côté. Riez ensemble! Faites des folies desquelles vous rirez pendant longtemps, des folies qui seront vos secrets. Le rire rend les malheurs moins importants, il détend et favorise le rapprochement.
  7. « Il faut inclure la spontanéité et la créativité dans son agenda de couple », soutient le thérapeute. Souvent les habitudes prennent le dessus et le couple s’enfonce dans une vie monotone. Pas besoin d’être riche pour sortir de l’ordinaire ! Un pique-nique ou une randonnée dans les bois sont souvent plus enrichissants qu’une sortie au théâtre.
  8. Vous portiez son parfum favori? Vous vous achetiez des vêtements pour lui faire tourner la tête? Pourquoi ne pas continuer à soigner votre apparence afin de lui plaire! Jouez le jeu de la séduction. Votre initiative ne manquera pas d’attirer son attention.
  9. Lors de vos premières années communes, vous aimiez faire du camping ensemble? des ballades en voiture? Il y a déjà longtemps que vous n’avez répété l’expérience. Pourquoi? « Souvent les conjoints n’osent pas dire ce qu’ils aimeraient faire ensemble, ajoute Hervé Bossé. Ils croient que c’est du passé. Or, avec un peu d’imagination, il est possible d’adapter ces activités au temps présent. »
  10. « Dans la réussite d’une relation en ligne, je crois qu’il est essentiel de mettre les cinq sens, les cinq ressources, à contribution, insiste Hervé Bossé. Il faut toucher, sentir notre partenaire. Il ne faut pas craindre de le regarder, de lui faire de clins d’oeil, de l’écouter lorsqu’il en a besoin. Tout ne se joue pas que dans les paroles. » Quelques fois, une caresse dans les cheveux suffit pour signifier à l’autre le bonheur qu’on éprouve d’être à ses côtés.

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